« Toute culture naît du mélange, da la rencontre, des chocs.
A l’inverse c’est d’isolement que meurent les civilisations… »
Octavio PAZ
Après deux semaines d’activité et plusieurs milliers de visiteurs, c’est sur un réel succès que la troisième édition du festival d’art contemporain VISUAL GAMES est désormais close. Ce succès,
redevable en particulier aux interventions des curators indépendants de la fameuse DOKUMENTA à Kassel ainsi qu’à la qualité des conférences proposées par les organisateurs et le
directeur artistique du festival, Milen KRASTEV, tient à un programme riche et pertinent , où se sont succédés projections de films d’art vidéo, expositions, performances, conférences. La programmation française a été présentée par Yordan GANEVSKI directeur du festival, tandis que le curator indépendant Svetlozar SIMEONOV, responsable de la participation française au festival et Hakan UNLU, attaché culturel de l’Ambassade de France en BULGARIE et directeur de l’Institut Français à Varna présentaient le travail cinématographique de l’école nationale LE FRESNOY, ainsi que les films des jeunes vidéastes issus des écoles et des universités de Strasbourg, ville européenne par sa vocation. A la suite de ce festival, Svetlozar Simeonov a voulu développer un projet parallèle sur un thème commun, et a organisé en Bulgarie un cycle d’exposition qui s’intitule Propositions délicates et qui s’ouvre avec une rétrospective du festival VISUAL GAMES. Des villes de Varna, Rousse et Plovdiv à la capitale Sofia l’expo itinérante sera
consacrée avant tout à la jeune création européenne. Ainsi, la plupart des artistes exposés ici vivent ou ont vécu et travaillé dans la capitale européenne, Strasbourg. Le thème de l’exposition, Les Nations qui nous séparent, sonne politique à l’heure de l’entrée de la Bulgarie dans l’Union Européenne. Les artistes participants se sont donc concentrés en grande partie à la genèse même du terme. Qu’est-ce qu’une nation ? Le mot, nous évoque le nationalisme, le lourd passé historique de l’Europe. La même Europe que nous essayons tous de construire aujourd’hui après tant de guerres et de conflits, dont les cicatrices sont encore présentes dans la mémoire de certains d’entre nous. Dans cette période où la question de l’intégration européenne est à l’honneur, où nous parlons de 25 pays et bientôt de 27, avec des frontières, des marchés et une monnaie uniques, le concept de nation au sens traditionnel n’est plus très en vogue. Pourtant de plus en plus, nous observons une certaine résurgence des thématiques nationales qui tendent à nous séparer au moment où les peuples d’Europe travaillent à s’unir. La séparation des nations est-elle un phénomène inéluctable pour nos peuples ou est-elle liée au sentiment d’identité culturelle et à l’éducation ?
Ce sont les questions que certains artistes exposés ici se sont posées, moins en voulant défendre une position particulière qu’en mettant l’accent sur les tendances qui nous poussent à nous mettre sous la coupe d’une nation, d’une équipe, dans le sens large du terme. En un mot, tout cela qui fait l’appartenance à une nation! Cela est surtout visible dans l’oeuvre de Thierry WALTZING. Son film, reposant sur des mythes et des légendes allemandes, constitue comme un commentaire de l’histoire allemande et de ses tentations belliqueuses. Tourné entre Berlin, Strasbourg, Bruxelles et Zurich, ce conte contemporain questionne le passé de l’Allemagne et sa réalité dans l’Europe d’aujourd’hui. L’oeuvre du jeune artiste luxembourgeois met en scène le décalage entre passé et présent de l’Allemagne, avant et après l’ « année zéro ».
A l’inverse c’est d’isolement que meurent les civilisations… »
Octavio PAZ
Après deux semaines d’activité et plusieurs milliers de visiteurs, c’est sur un réel succès que la troisième édition du festival d’art contemporain VISUAL GAMES est désormais close. Ce succès,
redevable en particulier aux interventions des curators indépendants de la fameuse DOKUMENTA à Kassel ainsi qu’à la qualité des conférences proposées par les organisateurs et le
directeur artistique du festival, Milen KRASTEV, tient à un programme riche et pertinent , où se sont succédés projections de films d’art vidéo, expositions, performances, conférences. La programmation française a été présentée par Yordan GANEVSKI directeur du festival, tandis que le curator indépendant Svetlozar SIMEONOV, responsable de la participation française au festival et Hakan UNLU, attaché culturel de l’Ambassade de France en BULGARIE et directeur de l’Institut Français à Varna présentaient le travail cinématographique de l’école nationale LE FRESNOY, ainsi que les films des jeunes vidéastes issus des écoles et des universités de Strasbourg, ville européenne par sa vocation. A la suite de ce festival, Svetlozar Simeonov a voulu développer un projet parallèle sur un thème commun, et a organisé en Bulgarie un cycle d’exposition qui s’intitule Propositions délicates et qui s’ouvre avec une rétrospective du festival VISUAL GAMES. Des villes de Varna, Rousse et Plovdiv à la capitale Sofia l’expo itinérante sera
consacrée avant tout à la jeune création européenne. Ainsi, la plupart des artistes exposés ici vivent ou ont vécu et travaillé dans la capitale européenne, Strasbourg. Le thème de l’exposition, Les Nations qui nous séparent, sonne politique à l’heure de l’entrée de la Bulgarie dans l’Union Européenne. Les artistes participants se sont donc concentrés en grande partie à la genèse même du terme. Qu’est-ce qu’une nation ? Le mot, nous évoque le nationalisme, le lourd passé historique de l’Europe. La même Europe que nous essayons tous de construire aujourd’hui après tant de guerres et de conflits, dont les cicatrices sont encore présentes dans la mémoire de certains d’entre nous. Dans cette période où la question de l’intégration européenne est à l’honneur, où nous parlons de 25 pays et bientôt de 27, avec des frontières, des marchés et une monnaie uniques, le concept de nation au sens traditionnel n’est plus très en vogue. Pourtant de plus en plus, nous observons une certaine résurgence des thématiques nationales qui tendent à nous séparer au moment où les peuples d’Europe travaillent à s’unir. La séparation des nations est-elle un phénomène inéluctable pour nos peuples ou est-elle liée au sentiment d’identité culturelle et à l’éducation ?
Ce sont les questions que certains artistes exposés ici se sont posées, moins en voulant défendre une position particulière qu’en mettant l’accent sur les tendances qui nous poussent à nous mettre sous la coupe d’une nation, d’une équipe, dans le sens large du terme. En un mot, tout cela qui fait l’appartenance à une nation! Cela est surtout visible dans l’oeuvre de Thierry WALTZING. Son film, reposant sur des mythes et des légendes allemandes, constitue comme un commentaire de l’histoire allemande et de ses tentations belliqueuses. Tourné entre Berlin, Strasbourg, Bruxelles et Zurich, ce conte contemporain questionne le passé de l’Allemagne et sa réalité dans l’Europe d’aujourd’hui. L’oeuvre du jeune artiste luxembourgeois met en scène le décalage entre passé et présent de l’Allemagne, avant et après l’ « année zéro ».
Dans les oeuvres de Sébastien MAS en revanche, on voit plutôt des « impressions numériques » d’Europe, images du passé et du présent, films documentaires, images contemporaines de notre
société de consommation. Dans sa vision, c’est grâce à un DJ, optimiste sur le futur de l’Europe, que peuvent cohabiter en paix tous les peuples, l‘espace d‘une danse, même parfois un peu provocante. Son message est loin des débats tonitruants de fervents députés nationalistes au Parlement Européen ou au Conseil de l’Europe à Strasbourg. L’exposition, outre son regard projeté sur le présent, ouvre aussi des perspectives sur l’avenir de l’Europe, sur ce que nous devrions faire afin d’éviter le point zéro, la zone limite d’où commence la séparation des peuples et ainsi des nations. L’exposition propose aussi une petite touche d’espoir avec les oeuvres de Emelyne GUILLIER et Rustha Luna POZZI- ESCOT sur les questions que se posent tous les peuples, l’amour, la peur de la mort, l’espoir d’une meilleure vie, l‘égalité des chances…
Pour conclure, laissons la parole au jeune vidéaste Sébastien Mas qui illustre bien la vocation de cette exposition à ouvrir le débat sur l’Europe moderne :
société de consommation. Dans sa vision, c’est grâce à un DJ, optimiste sur le futur de l’Europe, que peuvent cohabiter en paix tous les peuples, l‘espace d‘une danse, même parfois un peu provocante. Son message est loin des débats tonitruants de fervents députés nationalistes au Parlement Européen ou au Conseil de l’Europe à Strasbourg. L’exposition, outre son regard projeté sur le présent, ouvre aussi des perspectives sur l’avenir de l’Europe, sur ce que nous devrions faire afin d’éviter le point zéro, la zone limite d’où commence la séparation des peuples et ainsi des nations. L’exposition propose aussi une petite touche d’espoir avec les oeuvres de Emelyne GUILLIER et Rustha Luna POZZI- ESCOT sur les questions que se posent tous les peuples, l’amour, la peur de la mort, l’espoir d’une meilleure vie, l‘égalité des chances…
Pour conclure, laissons la parole au jeune vidéaste Sébastien Mas qui illustre bien la vocation de cette exposition à ouvrir le débat sur l’Europe moderne :
« Je ne suis pas forcement d'accord sur le fait que la nation soit forcement nationaliste et "nous sépare".
Car c'est l'intolérance qui sépare et c'est l'ignorance, ce n'est pas le fait de la nation en sois. La nation c'est aussi une échelle qui nous permets de savoir qui on est. Je suis pour une Europe des nations éclairées qui sache reconnaître à chacun sa propre identité et ce même au niveau régional.(…) Bien entendu le respect de chaque culture, même régionale, doit être un impératif majeur, et si l'échelle de la nation devait être remis en question pour des impératifs de "globalisation" il faudra y opposer l'exception culturelle. Chaque culture qui meurt c'est un peu d'humanité qui s'efface…»